À LA RECHERCHE DU CORPS DANSANT

De l’élitisme corporelle de la danse classique
Rapport de stage - Centre National de la Danse

Dans le cadre de l’obtention du diplôme d’Etat de professeur de danse classique au Centre National de la Danse à Pantin, Léo Gras a eu l’opportunité d’engager une réflexion personnelle sur la danse sous la forme d’un rapport de stage. Encadré par Paola Braga, l’objectif était de concilier une thématique tenant à coeur à un axe pédagogique. Il décide alors de se pencher sur les injonctions corporelles de la danse classique et sur les répercussions physiques de cette pratique. Son constat personnel est le suivant : la danse classique - de par une sélection drastique des corps et de leurs capacités - aboutit à l’établissement d’une élite corporelle, dominant les “autres corps”. 
Commence alors une recherche d’une part historique, traitant de l’évolution des corps de danseuses et de danseurs du ballet romantique à aujourd’hui, mais surtout sociologique concernant l’évolution des normes de beauté, de la notion de perfection et du dressage corporel inhérent à cette quête plastique. 

  • "Ces premières réflexions m’ont tout d’abord poussé à réfléchir sur la notion du corps idéal. D’après le dictionnaire de l’Académie Française, l’idéal correspond à ce "qui réunirait toutes les perfections que l’esprit peut concevoir et qui répond dans son genre à l’idée que l’on se fait de la perfection » . On parle alors d’un « modèle d’ordre moral, intellectuel, esthétique, qu’on se propose comme fin » . À travers ces définitions, plusieurs informations retiennent mon attention. L’utilisation du terme perfection, qui établit ici l’idée d’un but à atteindre, d’achever un objectif précis, étant ici celui de n’avoir aucun défaut. Cependant, cette notion extrêmement subjective relève plusieurs paradoxes. D’une part, elle est déterminée sur « l’idée que l’on se fait », elle est donc par nature personnelle, mouvante et le témoin de l’imaginaire d’un moment précis. Et d’autre part, elle dispose d’une « fin », l’objectif à atteindre étant d’ores et déjà établis et unique. Nous nous retrouvons donc face à la recherche d’un modèle idéal à la fois propre à chacun mais aussi absolu et figé. Il y a donc une forme d’absurdité dans la recherche de cet idéal corporel perpétuellement mouvant et changeant, témoin d’une époque et de standards de beauté esthétique précis. Ce corps idéal se fait donc le symbole de la recherche de la perfection, c’est à dire un corps sans aucun défaut. Mais de quels défauts parle-t-on ? Car en effet, la perfection est une notion propre à chaque époque, chaque culture et est intrinsèquement liée à celle de la beauté - cette dernière s’intéressant aux caractères de ce qui provoque l’admiration et l’émotion, par ses formes, ses proportions, ses rythmes et son harmonie. Ce corps idéal du danseur.euse se décrit donc sous les termes de la beauté et de l’harmonie, où les proportions et les formes tiennent une place essentielle. Nous pourrions alors supposer à partir de ces définitions que le corps du danseur.euse n’est qu’un corps plastique, un corps objet conditionné à être contemplé pour ses qualités anatomiques.”

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